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482 LES SAVANTS LYONNAIS Tous les savants ne ressemblent pas à l'astrologue de la fable qui se laisse choir dans un puits, faute de regarder à ses pieds; il s'en trouve qui lisent dans les astres et aper- çoivent aussi les cailloux qui gênent leur marche. Le délégué de Saint-Maur près du Vatican appartenait à cette caté- gorie ; il possédait quelques-unes des qualités essentielles pour conduire les hommes et les manier, un esprit juste, souple et prompt, un jugement droit, l'affabilité des manières, la distinction du langage, une modestie nulle- ment affectée et un désir extrême d'obliger. Dire qu'il géra les affaires de la Congrégation au gré de ses supérieurs et pour le bien commun et que la mission qu'il conserva jusqu'il sa mort, c'est-à -dire pendant quinze ans, de 1684 "z 1699, fut remplie avec un dévouement sans relâche et une application couronnée de succès, ne serait pas un éloge suffisant. Il ne tarda pas à se créer dans la ville et à la cour pontificale une situation plus que notoire, prépondérante même ; on estima ses vertus et sa régularité, on apprécia ses talents, on vanta sa réserve, on ne put refuser de rendre hommage à sa modération et à sa loyauté, on lui pardonna son origine, on oublia son patriotisme qu'il ne dissimulait pas, et les Italiens à force de le trouver serviable, discret et poli l'aimèrent, comme s'il n'avait pas été le sujet de Louis XIV, comme s'il eut appartenu à une autre nation que celle de la Déclaration de 1682, de la Régale et des doc- trines jansénistes. Trois papes l'honorèrent de leur considération : Inno- cent XI qui avait retardé de le recevoir à cause de son mauvais état de santé l'accueillit avec des marques non équivoques de sympathie et témoigna une vive joie de l'entendre louer Fléchier nommé à l'évêché de Lavaur, où il venait de convertir plus de dix mille réformés;