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404                       POLITIQUE

   Au douzième siècle, un tiers seulement de l'Allemagne
était cultivé : le reste était couvert de forêts inexploitées.
Frédéric II s'était vivement intéressé aux classes agricoles
en Italie et avait fait preuve à leur égard d'un zèle intelli-
gent; il s'occupa peu de ces mêmes classes en Allemagne.
Cette différence vient sans doute de ce qu'il vécut presque
toujours éloigné de ce pays. Sur les cinquante-trois années
que dura son règne il n'en passa, en effet, que neuf en Alle-
magne (16).
   Né et élevé en Italie, accoutumé à son climat enchanteur,
il détestait les longs hivers et les sombres forêts de la Ger-
manie. Il n'aimait ni ses villes boueuses et mal construites,
ni ses châteaux escarpés. La rudesse et l'ignorance des
seigneurs allemands choquaient ses goûts délicats. Il aurait
voulu gouverner l'Allemagne en résidant en Italie. Mais la
réunion de ces deux pays sous un même souverain menaçait
l'indépendance de la papauté, elle la menaçait surtout depuis
que Frédéric II avait, sur l'Italie méridionale non plus les
prétentions générales de suzeraineté de ses prédécesseurs,
mais un droit de souverain absolu et héréditaire. Pressé par
Innocent III, Frédéric II avait promis solennellement que
les deux couronnes ne seraient pas réunies sur la même
tête (17). H ne tint pas sa promesse : il ne put se résoudre
à laisser à son fils Henri son royaume héréditaire des Deux-
Siciles et à régner seulement en Allemagne. C'est cette
persistance de Frédéric II à vouloir garder les deux cou-
ronnes qui le brouilla avec le Saint-Siège et lui fit perdre en
Allemagne, par les concessions qu'il fut obligé d'y faire, la
 réalité du pouvoir. L'excommunication qui le frappa porta


  (16) PP. 346-375-
  (17) PP, 216-377.