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                      ET LES BÉNÉDICTINS                       383

sévère et si voisine des apparences de l'iniquité. Quel était
ce grief? Nous ne l'avons pas découvert, mais les regrets
 exprimés par le moine puni donnent à penser que la colère
du prélat avait été vive, mais que la faute qu'il châtiait si
 durement avait été involontaire.
   Les deux religieux s'étaient soumis sans rien tenter pour
leur justification; mais l'émotion à Saint-Denis, où ils rési-
daient depuis quelques semaines seulement, et à Saint-Ger-
main-des-Prés, qu'ils venaient de quitter, fut profonde;
l'ordre entier la partagea. Cinq mois après dans une réponse
adressée a Dom Jean Durand, les premières lignes proba-
blement qu'il était autorisé à écrire, Dom Guérard, après
avoir indiqué à quels signes on reconnaîtrait les divers
manuscrits et on saurait à qui il convenait de les restituer,
soit à la Sorbonne, soit aux Jacobins, soit aux Augustins
qui les avaient prêtés, ajoutait avec un accent [qui ne
trompait pas :

   « Ce n'est pas pour m'en faire accroire que je dis ceci,
seulement est-ce par le désir que j'aide la gloire de la Con-
grégation et de l'honneur de ceux qui sont employés à ce
grand ouvrage d'où je me vois privé avec tant de violenee
et où peut-être je ne mettrai jamais le nez.
   « La volonté de Dieu soit faite, c'est ma consolation, me
recommandant à vos prières (12). »

  Peu à peu l'exil s'allégea; le travail le rendit plus sup-
portable; saint Augustin continuait à en être l'objet et cette
persévérance dans l'épreuve reçut la récompense la plus


  (12) Lettre à Jean Durand, religieux à Saint-Denis. — D'Ambournay,
ce 2 mars 1676. Fonds latin 11645.