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TZERNORE 285 le matin en présence de l'armée d'Austrasie commandée par Wintrio. Nous laissons parler ici la Chronique de Saint-Denis : « Bien matin estait encore, si que petit paraît encore de « clarté du jour. Cils qui le gait conduisait demanda à un « de ses compaignons ce que povait estre. Er soir, dit-il à la « vesprée, n'en paraît là ou je vois cette forest nul riens, ne « haies, ne buissons ne broches. » Le compaing lui répond en termes trop énergiques pour être relatés ici textuellement et le plaisante en lui disant : « Tu es donc ivre du vin que tu as bu hier soir et tu as « perdu la mémoire. Tu ne vois donc pas que c'est une « forêt et n'entends-tu pas les clochettes de nos chevaux « qui paissent KU bord de ce bois? » Les Franks avaient en effet l'habitude d'attacher autour du cou de leurs chevaux des clochettes pour qu'ils ne puissent pas s'égarer la nuit, et c'est grâce à cette ruse que Frédé- gonde surprit ses ennemis. Au même instant en effet, les guerriers de Neustrie abais- sèrent les rameaux qu'ils portaient devant eux, la forêt dis- parut et les leudes de Frédégonde, excités par leur reine qui leur présentait son enfant, en l'élevant en l'air dans ses bras, s'élancèrent au galop de leurs coursiers sur les Austrasiens. Ceux-ci, surpris à l'improviste, à peine armés, furent frap- pés de terreur et se défendirent cependant courageusement. Ils furent défaits, et le massacre devint atroce de part et d'autre. Ulriusque exercitus nimium trucidatus est, dit la Chronique de Fredegher. Wintrio fut poursuivi par le terrible Landerik, et sa vie mise en péril.