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134 THÉOPHILE GAUTIER en défaut, un souffle véritable. Les quinze cents vers à 'AÎ- bertus, ceux qui terminent la Comédie de la Mort, se lisent avec la facilité résultant d'une langue claire et d'une absolue correction, qu'on retrouve dans les poésies publiées chez Charpentier, en 2 volumes (2). Mais c'est avec Emaux et Camées, ce recueil de 55 pièces exquises, que se révéla la maîtrise de Gautier es arts d'Apol- lon. Je ne sache pas qu'on ait jamais surpassé en élégance et en harmonie, ces vers au style si coulant, au charme si doux, remplis de fines expressions et que traversent comme des rayons de soleil, les traits d'or d'une inspiration exquise. On se rappelle l'inoubliable pièce des Emaux et Camées commençant par ces strophes : La plus délicate des roses Est à coup sûr la rose thé, Son bouton aux feuilles mi-closes De carmin à peine est teinté. On dirait une rose blanche Qu'aurait fait rougir de pudeur En la lutinant sur la branche Un papillon trop plein d'ardeur. Saluons aussi en passant chez notre poète, l'héroïque et courageux homme de devoir qui s'astreignit, nous l'avons vu, pour donner l'aisance aux siens, à de pénibles tâches et qui vit son talent entravé par les exigences de la vie. Il fut un jour (2 février 1847) publiquement insulté par Emile de Girardin, alors directeur de la Presse, dans un article qu1 (2) Charpentier a du reste, réuni dans ces deux volumes, toutes les poésies de T. Gautier, à l'exception des Emaux el Camées, parus sépa- rément chez le même éditeur.