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102                 LES SAVANTS LYONNAIS

félicita cependant, il y avait retrouvé la santé, il l'annonçait
en effet peu de jours après :
   « Le voyage que j'entreprends me sauve d'une maladie
dangereuse dont je ressentais fortement les impressions
avant que de partir. Elle s'est réduite en dyssenterie dont
un médecin, bon ami de Dom François Lami, nommé
M. Chauvin, m'a sauvé à Lyon (6). »
   De Turin on prit le chemin de Milan. Padoue, Brescia,
Vérone, Venise, Ravenne, Lorette et la sainte maison, le
jour même de la Pentecôte, furent successivement visitées,
et le 15 juin la troupe franchissait les portes de Rome,
« l'abrégé du monde, la mère de tous les mortels » comme
l'appelle Mabillon; ils ne devaient pas y séjourner moins
de sept mois, dans la petite maison occupée par le procureur
général de la Congrégation de Saint-Maur, sur le mont
Pincio, proche du couvent des Minimes de la Trinité.
   Dom Estiennot, chargé des affaires de son ordre près du
du Vatican, était un des plus familiers amis des arrivants, et
son secrétaire, l'aimable Dom Jean Durand, avait égale-
ment séjourné à l'abbaye de Saint-Germain. L'un et l'autre
réservaient à leurs hôtes le plus fraternel accueil; mais ils
s'étaient surtout préoccupés du dehors; ils s'étaient appli-
qués à abaisser toutes les barrières devant leur curiosité et à
leur gagner le plus de sympathies à tous les degrés de la
société ecclésiastique et lettrée.
  Avant même d'être officiellement prévenus, ils avaient
agi et Dom Jean, dès la fin d'avril était en éveil :
   « Dom Jean Mabillon, dit-il, n'a point encore écrit au
R. P. Procureur, mais le cardinal Casanata lui montra hier


  (6) M. SS. de la Bib. nat. Fonds Franc. 17679. Lettre de Dora Ger-
main. Turin, 20 avril 1685.