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100                 LES SAVANTS LYONNAIS

    Mais elle tarda peu à se renouveler, dans des circons-
tances assez singulières pour en faire comme un événement
littéraire et donner à la correspondance, que nous nous
proposons de transcrire tout à l'heure, une valeur très
appréciable.
    Mabillon, en effet, avait été officiellement investi par
Louis XIV d'une mission en Italie ; non seulement il avait
reçu l'ordre d'inspecter les plus importants dépôts, mais on
lui recommandait d'acheter les principaux manuscrits qu'il
rencontrerait en vente et tous les ouvrages qu'il jugerait
convenir à la Bibliothèque du roi : on lui avait ouvert un
crédit illimité. Ce qu'il avait entrepris et recueilli en Flandre
et en Allemagne assurait qu'au-delà des Alpes ses recherches
et ses emplettes ne seraient pas moins avantageuses. L'ar-
chevêque de Reims, Mgr Le Tellier, qui avait pris pour lui
toute l'administration de la charge de bibliothécaire dont le
titulaire était son neveu, l'abbé Louvois, trop jeune encore
pour l'exercer, avait fait décider le voyage, promettre d'en
couvrir toutes les dépenses et il avait désigné le plus jeune
des deux frères Anisson, Jacques, pour accompagner les
Bénédictins et les aider de son expérience professionnelle.
Avancer que nos libraires-imprimeurs fondaient sur cette
commission de belles espérances, c'est rappeler un senti-
ment qui serait venu à l'esprit de tout le monde; on verra
bientôt que les déceptions sont de tous les temps et de
toutes les conditions; le conte du Pot au lait s'applique à
d'autres qu'aux imaginations trop vives de paysannes
rêveuses.
   Dom Mabillon avec son inséparable compagnon et secré-
taire, Dom Michel Germain, quittèrent l'abbaye et Paris,
le I er avril 1685 ; on était au soir du quatrième dimanche
de Carême, ils emmenaient avec eux deux jeunes gens,