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60                    JOURNAL DU CONGRÈS

Réthel, puis à Charleville sur la Meuse. On allait lente-
ment, faisant, ce semble, d'après les indications d'Ogier, de
trente à trente-cinq kilomètres par jour.
   Entre Réthel et Charleville, on n'osa pas s'écarter, car la
guerre sévissait non loin de là, et d'autres voyageurs ren-
contrèrent alors, à un certain endroit, un curé à la tête
d'une bande de paysans qui portaient tous le mousquet sur
l'épaule et gardaient leurs bestiaux.
   A Charleville, le 26 octobre, d'Avaux fut rejoint par son
collègue Servien, et les deux ambassadeurs s'embarquèrent
sur la Meuse avec une suite d'environ deux cents personnes;
on occupait six bateaux (2).
   On descendit ainsi la Meuse, sans doute au fil de l'eau,
jusqu'à Rotterdam, c'est-à-dire pendant plus de quatre
cents kilomètres, traversant tantôt les Etats de l'Espagne, de
l'évêque de Liège, des électeurs de Trêves et de Cologne,
tantôt ceux de la Hollande. On y employa un mois et demi,
y compris les arrêts, et en naviguant, cinq à six heures par
jour (3).
   Les ambassadeurs étaient généralement bien accueillis;
on tirait le canon en leur honneur, on leur adressait des
compliments. Dans la première bourgade qu'on rencontra
en entrant dans l'électorat de Trêves, les principaux habi-
tants vinrent, dans un petit bateau, saluer son Excellence
et lui firent don d'un chevreuil et d'un saumon d'une pro-
digieuse grosseur. « Je prenais grand plaisir, écrit Ogier,
à la naïveté des harangues de ces bonnes gens qui portaient,


  (2) Pages 12-19.
  (3) On s'arrêta à Furnay, Dînant, Namur, Huy, abbaye de Val
Saint-Lambert, à deux lieues en amont de Liège, Maestricht, Maasique,
Ruremonde, Venloo, Geneppe, Grave, Gorcum, Dordrecht, Rotterdam.