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SOUVENIRS DE LYON 27 professés par le chirurgien-major, et ceux d'anatomie et de physiologie, professés par le chirurgien en second. En outre quelques internes donnaient des leçons particulières à un certain nombre d'élèves, moyennant une rétribution de 10 fr. par mois (4). A cause de l'absence d'ouvrages pratiques et de résumés imprimés de chirurgie moderne, les professeurs, à l'exemple des anciens, dictaient les leçons composées par eux-mêmes à l'aide des notes qu'ils avaient recueillies aux cours des professeurs de l'école de Paris. Les cahiers qui contenaient ces leçons étaient fort instructifs et utiles, surtout pour les concours et les examens : c'était un legs du moyen âge. (4) Mon professeur particulier d'anatomie était un M. Nant, alors secrétaire de M. Janson. Il était fils d'un aubergiste de la Guillotière, où il s'établit et où il mourut encore jeune. Après le concours pour l'internat, dans lequel il fut nommé le premier, il se fit opérer de la pierre. Il avait lui-même tout préparé pour cette opération, alors si douloureuse et si dangereuse, tout l'appareil, y compris les liens pour se faire attacher les mains. M. Alexandre Bottex était mon professeur de chirurgie. Il était origi- naire du département de l'Ain, pays fertile en célébrités médicales, telles que Bichat, Richerand, Récamier, etc. Il devint chirurgien en chef de l'hôpital de l'Antiquaille, dont il a fait l'histoire intéressante et peu connue. Il est mort âgé de 45 ans seulement. Un jour il nous fit une leçon fort savante et curieuse sur la tête d'un nommé Lelièvre, employé de la Préfecture, qui avait été condamné à mort et exécuté pour crime d'infanticide. Il nous démontra qu'à cha- cune des passions signalées par l'acte d'accusation répondait une protu- bérance cérébrale « excessivement développée », disait-il avec une énergique conviction qui prêterait à rire aujourd'hui que le système de Gall et celui de Spurzheim sont à peu près complètement délaissés. Quoique, selon moi, cette appréciation des diverses fonctions du cerveau ne mérite pas ce dédain, car elle contient des vérités évidentes.