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D'APRÈS M. CHARLES MAURRAS 9 le mariage est impossible ! » — « Bien vrai, dit le pauvre Guignol, navré, je n'en savais rien ! » — « Bien vrai, dira le pauvre Puitspelu, je n'en savais rien ! » En réalité les Lyonnais, appelés par M. Maurras des Celto-Galates (ce qui reviendrait à dire des Celtes-Celtes), sont des Celtes mâtinés d'Helléno-Latins. Des Celtes nous tenons notre penchant si marqué pour la rêverie et le mysti- cisme, aggravé par des raisons trop longues à énumérer, mais assurément sans nulle trace des nébulosités, du vague et de la rudesse germaniques. Des Helléno-Latins (on sait qu'aux premiers siècles il y avait à Lyon des écoles grecques et que l'on prêchait en grec) nous pouvons tenir la clarté dans le dire, quelque amour de la forme et de la mesure, peut-être aussi l'amour de la grâce, que M. Maurras a l'amabilité d'attribuer à nos poètes. Nous voilà un'peu loin du germanisme. Les plus mystiques d'entre nous, comme Ballanche, ont le goût de l'eurythmie Jdans le style, et le culte des traditions helléniques. Chose assez singulière, les Lyonnais, plongés dans le brouillard, ont toujours été en- traînés vers l'âme de la Grèce. Pour ne parler que des poètes morts, les plus belles pièces de Laprade et de Jean Tisseur sont grecques. La peinture de Flandrin n'est que de la sta- tuaire grecque trempée dans le baptême. Puvis de Cha- vannes n'est quelque chose que par le sentiment grec. De tous les participants au génie lyonnais, Quinet (né d'ailleurs sur terre bressanne) est le seul dont le germanisme, de son aile de nuages, ait touché le front. Mais ce qui achève de creuser le fossé entre Lugdunum et Germania, c'est le tour narquois de l'esprit lyonnais, la raillerie perpétuelle, quoique souvent demi-voilée. Ceci n'est guère dans nos vers,., La « gognandise » ne sied pas