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IZERNORE 89 En approchant d'Izernore, le pays devient plus riant. Les bordsi de la petite rivière d'Oignin, qui longe la route et coule au pied de montagnes moins élevées, sont ombragés par de beaux arbres, dont le riche feuillage retombe avec grâce sur ses eaux, et s'y reflète harmonieu- sement. Parfois, son lit s'étend, devient une véritable nappe d'eau limpide et brillante, sur laquelle se penchent les longues branches des saules, découvrant et cachant, tour a tour, les contours de la rivière à l'œil charmé du passant. Cette vue si attrayante me rappelait certains aspects de la campagne romaine, un peu classiques il est vrai, mais immortalisés cependant par le pinceau de Claude Lorrain. De Rome au temple d'Izernore, la transition est toute naturelle, et en quelques instants nous y étions arrivés. Après une visite à la vieille église, au petit musée des antiquités, conservées à l'Hôtel de Ville et recueillies soit dans le temple soit dans les environs,- nous nous ren- dons au temple en suivant un chemin ombragé qui porte encore de nos jours le nom de Vie-de-Mars. Ce n'est pas sans émotion que je vois surgir au loin à travers les arbres les trois grandes colonnes, restes précieux de l'art antique dans nos contrées, et qui, fièrement debout depuis près de dix-huit siècles, semblent devoir braver pendant de longues années encore les injures du temps. Leur aspect devient plus imposant à mesure que l'on avance, et on reste impressionné par la puissance de cette grande nation qui, si loin de Rome, dans nos climats déjà froids comme sur les sables brûlants de l'Afrique, élevait de pareils monuments. Ces colonnes, dont les chapiteaux n'existent malheureu- N° 2. — Février 1893. y