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ET LES BÉNÉDICTINS 13 « Si donc en 1111, c'est-à -dire au milieu même du temps, écoulé entre l'année 1107, pendant laquelle saint Anselme correspond avec Joceran, et les années 1113 ou 1115, Jean a été pourvu de l'cvêché de Lyon, comme le P. Sirmond l'établit d'après les deux lettres d'Yves de Chartres, il s'en- suit qu'à la même date et pour le même siège, il y eût deux évoques et l'un et l'autre connus par des documents publics. Aucun témoignage ancien ne confirme une telle anomalie ; il est plus sage de se demander si les titres de ces lettres ne sont pas falsifiés et s'ils ne se rapportent pas plutôt à Joceran qu'à Jean. « Une première remarque corrobore ce sentiment. Pour la dernière de ces deux lettres, pour la 237 e , qui d'après l'en-tête serait de la main de Jean, Souchet (4) a fait remar- quer que certains manuscrits portent Joscennes au lieu de Johannes ; évidemment ici Joscennes serait une altération de Joscerannus, auquel, du reste, d'autres recueils attri- buent l'épître. « Mais par quelle substitution, dira-t-on, Jean a-t-il pu prendre la place de Joscerannus ou de Josceran ? On sait que non seulement dans les anciennes transcriptions de textes, mais encore dans les autographes, les noms propres sont assez ordinairement désignés par la première lettre seule ; il serait facile d'en alléguer des centaines d'exemples, si toutes les personnes, versées dans l'antiquité, n'en étaient persuadées. Comme le nom de Jocerand, en tête (4) L'abbé Souchet était un érudit chartrain qui publia les œuvres de l'évêque de Chartres. (Paris, 1647, in-f°). Il était en correspondance très suivie avec Dom Luc d'Achéry, bénédictin de Saint-Germain, qui le conseillait et le dirigeait, au point de l'étonner par ses exigeances scientifiques.