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$}6              ROUMAKILLE ET LE 1-HL1ÈRIGË

le montrent bien, puisqu'ils écrivent le provençal et
le français avec une égale pureté.                             •
    Il est prouvé, du reste, que Dante hésita plusieurs années
sur le choix à faire du provençal ou de l'italien pour
composer sa Divine Comédie, tant la première de ces deux
langues lui paraissait contenir, dans son originalité expres-
sive, et sa multiplicité pittoresque, abondante en équivalents
ingénieux, de beauté naturelle et de richesse harmonique
propres à servir efficacement un talent maître de son art,
un esprit vraiment supérieur. Il est permis de croire que la
langue provençale eût fidèlement et intensément traduit les
pensées sublimes du grand poète.
    Plus que tout autre, Roumanille se consacra à cette
rénovation littéraire et linguistique; il lui imprima une
vigoureuse impulsion ; il lui donna une extension croissante.
 Sa nomination de chevalier de la Légion d'honneur fut la
juste récompense de ce labeur opiniâtre. « Le naturalisme
 sincère et la forme classique que Roumanille mettait au
 service de ses pensées natives, ne tardaient pas à grouper
 autour de lui des disciples et à se formuler chez le plus
illustre d'entre eux dans un chef-d'œuvre. Les livres se
 multipliaient et par eux les apôtres. Sous cette éclosion
 soudaine on découvrait une âme, une inspiration commune,
 le retour a la tradition, à la sainte tradition, cette voix des
 aïeux et de la conscience (4). •»
    Je me permettrai néanmoins de trouver superflues ces
réunions de fidèles fanatiques, soi-disant Félibres, étrangers
 pour la plupart au pays et à sa langue, tenant chaque
 année leurs assises bruyantes en quelque coin de Provence,



  (4) Mariéton. Discours aux obsèques de Roumanille.