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ROUMANILLE ET LE FÉL1BRIGE 33 I avec la patrie de l'art divin, la Grèce, le berceau de la poésie, le cerveau des peuples latins. Certes! l'entreprise était haute. Il fallait du courage pour la mener à bien ; il fallait surtout de l'enthousiasme afin d'être toujours prêt à réagir contre le désenchantement, habile à saisir les auteurs de si grands projets. L'on verra, dans le cours de cette étude, comment Rou- manille et Mistral fondèrent le Félibrige et comment l'honneur leur revient d'une tentative que Brizeux chanta en des vers magnifiques et qui fut hautement approuvée par Laprade et Pontmartin. Après avoir indiqué les ten- dances et le but de la Société, nous terminerons par l'ana- lyse des oeuvres de Roumanille. I Ce fut une grande perte pour la littérature provençale, que la mort de ce vaillant ; ce fut pour sa famille et pour ses amis une perte plus grande encore. Un vide s'est ouvert qui ne sera jamais comblé. Le fin lettré, le délicat artiste, le philosophe au clair bon sens, s'est éteint à la fin de mai 1891, à Avignon, dans son modeste logis de la rue Saint- Agricol ; il s'est éteint dans sa librairie, au milieu des livres provençaux qu'il répandit à profusion dans son pays et presque dans toute la France; il est mort doucement, plein de sérénité, et l'on peut dire que rien n'a troublé la fin de ce juste. Roumanille naquit le 8 août 1818 à Saint-Remy-de- Provence, pays au charme pénétrant, non loin de l'Arc de triomphe attique profilant sur le ciel bleu, à l'extré- mité du village, son portique sculpté. Il était fils : d'un