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LA POPULATION PRIMITIVE DE LUGDUNUM 261 point parti pour Albin, beaucoup d'entre eux furent sans doute victimes de la fureur des soldats, tout comme les autres citoyens. En admettant que six ans plus tard, la persécution ait sévi avec une certaine intensité, on n'a pas lieu d'être surpris que ces deux événements aient été réunis en un seul par les chroniqueurs (17). Il est aujourd'hui prouvé que Sévère, politique habile et sceptique, épargna longtemps les chrétiens, qu'il ordonna la persécution, mais ne la dirigea pas. Très certainement, il ne prit point part à celle où périt saint Irénée. On n'a, du reste, aucun renseignement précis sur le genre de mort de ce saint personnage (18). Il convient encore d'ajouter qu'antérieurement à son principat, Sévère avait été gouverneur des Gaules, et qu'un homme de sa valeur devait bien comprendre l'importance d'une telle capitale, pour la détruire de fond en comble, surtout après la défaite et la mort de son adversaire. Comme résumé de cette discussion, il est rationnel d'admettre qu'au pire,, un quart à peine de la population succomba vers cette époque. Il n'est pas douteux du reste que Lugdunum ait eu beaucoup à souffrir d'une prise de vive force par une armée furieuse, indisciplinée et corrom- pue comme l'était celle de Sévère; que bon nombre d'édi- fices furent brûlés et beaucoup de citoyens égorgés. (17) Poullin de Lumina (Abrégé chronologique de l'Histoire de Lyon, ch. I er , p. 13, Lyon, MDCCLXVII est le seul historien moderne qui ait réuni en un seul les deux événements. (18) Voir Lenain de Tillemont. Mémoires sur l'histoire ecclésiastique, 2= édit., Paris, MDCCI, t. III, p. 95 et 122 : La persécution chré- tienne eut lieu en 202 ou 208. On peut hésiter entre ces deux dates. N°