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BIBLIOGRAPHIE 215 de savants — il ne se fait pas illusion sur le nombre — à fixer quelques traits de cette vieille langue, compagne de nos aïeux, leur nourrice intellectuelle durant des siècles. » Ne serait-il pas intéressant de posséder aujourd'hui, en latin, un ouvrage analogue sur le langage celtique dépossédé jadis par le latin qui, depuis, est devenu ce patois, notre patois, que l'heureux idiome parisien va déposséder à son tour? Mais quoi ! s'écriera plus d'un de ceux qui savent le patois et qui, depuis leur tendre enfance, font de la littérature paysanne comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir •— une grammaire patoise ? — Mais existe-t-il donc des règles pour le patois ? Oui certainement, et l'auteur déclare qu'il suffira d'un moment de réflexion à ses rares lecteurs pours'en convaincre, Il ose même compter que, ce moment, ils le lui accorde- ront, attendu que, vu leur rareté même, ils sont une élite. — Il est trop modeste, à notre avis. A défaut de l'importance du sujet, la bonne humeur, la variété de connaissances, l'atticisme constant des observations, des souvenirs, des traits de mœurs dont il a assaisonné à chaque page une nomenclature naturellement aride et ces règles de gram- maire qui n'ont par elles-mêmes rien de séduisant, tout contribue à faire du nouveau livre de M. Villefranche, une lecture aussi entraînante que tout ce qui est sorti déjà de sa plume féconde. Il nous confie qu'il n'a tiré sa Grammaire patoise qu'à 150 exemplaires. Peut-être a-t-il eu trop peu de confiance; nous ne nous contentons pas de le lui souhaiter, nous l'espérons : les gens qui s'intéressent aux travaux phi- lologiques nationaux sont plus nombreux qu'il ne paraît le croire. — Mais revenons à la question. Lorsque ceux qui parlent encore patois se déplacent de