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I;34 EN OISANS ; « —. Mais dites donc, père Gaspard, je ne sais pas si * nous pourrons... « ^ Oh! que si!... Voyons, avez-vous le vertige ? Je répondis: non, et mon [frère dit: je ne sais pas Mais enfin, vous ne nous connaissez pas, vous ne savez pas seulement si nous savons marcher... « — A la Meije, fit-il en riant, on ne marche pas. Allons! vous m'avez l'air solides: je réponds du reste... » La Meije était décidée. Jusqu'à onze heures du soir nous jacassons, à tort et à travers fouillant POisans dans ses replis et obligeant Gas- pard à nous dire toutes les vieilles histoires qu'il connaît, histoires d'avalanches, de chasse au chamois, de dangers courus, de dégringolades, quelquefois "aussi... histoires de deuil et d'accidents mortels. Et Dieu sait s'il y en a, des histoires, dans le fond du sac de noire excellent com- pagnon ! Enfin chacun s'en fut coucher. Mon frère et moi nous nous retirâmes profondément épouvantés par les difficultés que nous allions rencontrer dans ce mauvais pays, difficul- tés qui devaient être terribles, bien sûr ! puisqu'on ne pouvait les affronter qu'après avoir fait la Meije comme entraînement. Et voilà comment, après une matinée de repos à Saint- Christophe, le lendemain dimanche, nous cheminions le soir vers la Bérarde avec des projets de victoire, mais aussi, remémorant dans nos têtes les terrifiantes lectures sur la grande Meije. 1 Le mulet de Gaspard ouvrait la marche (pourquoi celui- ci l'avait-il emmené, nous ne le sûmes jamais, mais nous en profitâmes pour le charger de tout notre attirail.) Son maître venait ensuite, révélant de temps à autre sa pré-