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PROMENADE AU SALON 3 01 montrer le cheval. Donner de l'esprit à ses soldats, il n : en a cure. Quant à ses chevaux, vous pouvez vous y fier : tout est vrai, la pose, l'allure, le poil et les muscles. Est-ce que M. Bauër aurait vidé le fond de son sac ? Ce n'est pas possible. Il a eu des œuvres, un peu jeunes sans doute, mais qui contenaient des promesses. Son dernier Page (55) est mal venu et fait regretter ses aines; son vicomte de Béziers (56), est un modèle quelconque, couché tout de son long. C'est une revanche à prendre, et M. Bauër a de quoi la prendre quand il lui plaira. La peinture de M. Salle est l'antithèse de la peinture de M. Bauër. Celui-ci n'aime que les grands seigneurs, et sa palette, chaude et vive, les revêt de costumes éclatants. M. Salle recherche ceux qui peinent et qui geignent, mais sa facture sèche et son pinceau froid semblent se complaire à faire les malheureux plus malheureux que nature ; ce n'est pas à lui qu'on reprochera de donner un air de grandeur aux haillons. Sans travail (777), est certainement une image poignante de la misère, mais il eût au moins fallu rendre le pauvre diable intéressant. Je défie bien qu'à voir son portrait, il se trouve quelqu'un pour l'embaucher. Passons vite devant le chie-en-lit que M. Rochegrosse intititule Une étude (751) et que la ville vient d'acheter, pour retirer, je pense, cette horreur de la circulation. Donnons un coup d'oeil à la Halle (588), où M. Menta nous montre d'amusantes commères, vraies autant que peuvent l'être des personnages de vaudeville ; à la Sieste (499), de M. Laissement, qui a tout le succès d'une anecdote spirituellement contée ; aux deux petites toiles (686 et 687), de M. Pincl de Granchamp ; à la Jeanne d'Arc (658), de M. Paupion, dans laquelle l'oeil aime- rait au moins à retrouver l'impression de la vallée de K" 4- — Avril 1S9I . 21