page suivante »
2$S UN ÉPISODE LYONNAIS les jarrets de leurs chevaux et fendre les armures les mieux trempées (2). Quant au duc de Savoie, il avait secrètement autorisé Louis de Châlon à lever trois cents lances dans les rangs de sa belliqueuse noblesse de Bresse, Faucigny et Genevois, sous la conduite du redouté François de la Palud, seigneur de Varambon (3). C'était bien le moins qu'Amédée pou- vait faire pour le succès d'une entreprise dont il entendait partager le profit. « Le duc, dit l'auteur des Annales de Bourgogne, espérait avoir sa part au butin, ayant accordé avec le prince d'Orange que, venant à subjuguer le Dau- phiné, ils partisseraient entre eux cette province. Au prince devait advenir le bas-pays, à Mgr de Savoie, Grenoble et les montagnes... » Mais, ajoute notre historien, « ces sei- gneurs partissoient la peau de la beste qui n'est pas encore prinse (4). » En effet, les deux imprévoyants amateurs de conquêtes avaient compté sans le patriotisme des Lyonnais et sans l'extraordinaire habileté de leur sénéchal, messire Humbert de Grêlée. Grôlée, à l'œil attentif duquel n'avaient pas échappé les mouvements des troupes orangistes qui se con- centraient sur Anthon, s'empressa d'en aviser le sire Raoul de Gaucourt, lequel, après avoir brillamment fait son devoir à Orléans aux côtés de Jeanne d'Arc, venait d'être nommé par Charles VII gouverneur du Dauphiné. Grôlée ! Gaucourt ! le sort du pays allait dépendre de (2) Costa de Beauregard. Souvenirs d'Amédée FUI. (3) D'après Guichenon. Hist. de Bresse, le duc de Savoie n'aurait pas envoyé au prince d'Orange moins de 500 lances et 5,000 hommes de pied. (4) Paradin. Annales de Bourgogne, p. 717 et suiv.