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            DE LA FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS                    135

acte de ce marché qui n'était autre chose qu'une vente a
non domino. Contrat, en conséquence, absolument nul, con-
traire, dit le narrateur contemporain, à tous les principes
de la justice divine et humaine, contractus utroquejure, cano-
nico et civili improbatus (2).
   Naturellement, lorsqu'il sut ce qui se passait, le légitime
héritier, Louis de Saluces, ne manqua pas de protester. Il
porta plainte au duc Amédée de Savoie, le priant de se
faire l'arbitre du différend. Il assigna même l'usurpateur
de son bien devant le conseil delphinal. Inutiles réclama-
tions ! Le duc de Savoie avait de bonnes raisons, nous
verrons bientôt lesquelles, pour ne pas condamner l'entre-
prise de Louis de Châlon sur le Dauphiné. Quant au procès
engagé devant le haut conseil delphinal, il fit ce qui a tou-
jours été la tendance des procès, il traîna en longueur.
   Pendant ce temps, le prince d'Orange, qui avait pour lui
la force, se hâtait de prendre possession. Déjà il avait
commencé à fortifier les hauteurs d'Anthon et du Colom-
bier. Dans ces deux places, il avait installé des garnisons
d'hommes d'armes recrutés un peu partout, Flamands,
Anglais, Bourguignons, Savoyards. Cette soldatesque se mit
aussitôt à vivre sur le pays, vidant les granges et les étables,
saccageant les châteaux, arrêtant les voyageurs sur les

   (2) Processus super insullu guerra Anthonis, récit authentique de l'en-
trept*se du prince d'Orange sur le Dauphiné, publié par M. l'abbé Ulysse
Chevalier, correspondant de l'Institut, professeur aux Facultés catho-
liques de Lyon, dans ses Documents inédits sur le Dauphiné.— Cf, lettre
du prince d'Orange à « ses tres-chers et grands amis les marchands,
bourgeois et habitants de Lyon » dans laquelle il se plaint que le Roy-
daulphin, lui « détienne » ses terres de Domene et Falavier et mécon-
naisse les droits par lui nouvellement acquis sur Anthon, Colombier
et Saint Romain. Arch de Lyon. AA. n» 68.