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392 LAMARTINE cours du vieil édifice. Elle réclamait que le drapeau rouge devînt le drapeau de la France. Les collègues de Lamar- tine, effarés, sentaient bien que leur propre honneur, non moins que l'intérêt du pays, exigeaient impérieu- sement un refus très net, mais les réclamants avaient des fusils, et faisaient mine de youloir s'en servir. Tandis que toute l'énergie des Ledru-Rollin et des Garnier-Pagès allait jusqu'à discuter dans la salle close des délibérations, Lamartine sortit, descendit à l'entrée de la voûte prin- cipale, et harangua le peuple. Il fut là magnifique d'inspi- ration, lorsque c'était déjà une chose héroïque qu'il y fût. Il parla longtemps, et lorsque, dans une péroraison restée célèbre, il opposa « le drapeau rouge faisant le tour du Champ de Mars traîné dans le sang du peuple, au dra- peau tricolore faisant le tour du monde et portant partout le nom et la gloire de la patrie », un tonnerre d'applau- dissements lui apprit que le vrai courage est encore la meilleure des sauvegardes. Deux mois après, il était nommé à la Constituante, le premier des députés de Paris, par 260,000 voix. C'était son dernier beau jour, et la Providence eût mis le sceau aux faveurs- dont elle l'avait comblé, en le faisant mourir le lendemain. Bientôt déchu de cette popularité qui ne pouvait survivre aux conditions anormales d'une admi- nistration provisoire, où une phrase, une belle image, étaient une solution, Lamartine allait consumer la fin de sa vie dans des travaux sans gloire, où sa dignité même serait compromise. Il avait publié, en 1847, une volumineuse Histoire des Girondins, qui, bien que dépourvue de vraie portée historique, (on ne saurait attendre cela de Lamar- tine), avait eu un très grand succès, et porté un coup très funeste à la monarchie de juillets. Ce succès n'avait pas