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LAMARTINE 3 23 dans des strophes de même mesure, le même sujet précisé- ment que Lamartine dans Le Soir. LE CLAIR DE LUNE DE MAI. LE SOIR. Au bout de sa longue carrière, Le soir ramène le silence, Déjà le soleil moins ardent, Assis sur ces rochers déserts, Plonge et dérobe sa lumière Je suis dans le vague des airs, Dans la pourpre de l'occident. Le char de la nuit qui s'avance. La terre n'est plus embrasée Vénus se lève à l'horizon ; Du souffle brûlant des chaleurs, A mes pieds l'étoile amoureuse Et le soir, aux pieds de rosée, De sa lueur mystérieuse, S'avance en ranimant les fleurs. Blanchit les tapis de gazon. Sous l'ombre par degrés naissante, De ce hêtre au feuillage sombre Le coteau devient plus obscur, J'entends frissonner les rameaux : Et la lumière décroissante On dirait autour des tombeaux Rembrunit le céleste azur. Qu'on entend voltiger une ombre. Parais, ô lune désirée ! Tout à coup détaché des cieux, Monte doucement dans les deux ; Un rayon de l'astre nocturne Guide la paisible soirée Glissant sur mon front taciturne, Sur ton trône silencieux. Vient mollement toucher mes yeux Amène la brise légère, Doux reflet d'un globe de flamme, Qui, dans l'air, précède tes pas, Charmant rayon, que me veux-tu ? Douce haleine, à nos champs si Viens-tu dans mon sein abattu ' {chère ! Porter la lumière à mon âme ? Qu'aux cités on ne connaît pas. A travers la cime agitée Descends-tu pour me révéler Du saule incliné sur les eaux, Des mondes le divin mystère, Verse ta lueur argentée, Ces secrets cachés dans la sphère . Flottante en mobiles réseaux. Où le jour va te rappeler ? Et toi, sommeil, de ma paupière Une secrète intelligence Ecarte tes pesants pavots ! T'adresse-t-elle aux malheureux ? Phébé ! J'aime mieux ta lumière Viens-tu la nuit briller sur eux . Que tous les charmes du repos. Comme un rayon de l'espérance ?