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LES 252 PROTESTANTS A LYON cités en plus d'une occasion. Les Protestants ont été plutôt marchands que banquiers, et il ne paraît pas qu'aucun d'eux, même aucun des Suisses, malgré les privilèges de ceux-ci, ait conduit ses opérations avec autant de largeur que les Italiens et les ait portées à la même hauteur ; l'es circonstances n'étaient pas, il est vrai, aussi favorables. Nous ne reviendrons pas sur la part des Réformés dans les travaux d'art (nous voulons parler des peintres, des sculpteurs et des graveurs au xvnr siècle). En dehors des deux Thurneysen, nous ne saurions sur quel personnage arrêter l'attention, et nous ne connaissons, sauf quelques estampes de Léonard Odet et des toiles de Sarrabat, aucune œuvre des autres maîtres. Après cet exposé, une remarque vient à l'esprit : com- ment, si la population lyonnaise avait si peu de Réformés au milieu d'elle, un millier tout au plus, expliquer que, comme on le prétend, tant de manufactures aient perdu leurs ouvriers, qu'il y ait eu un aussi grand trouble dans l'industrie et que la fortune publique ait reçu par la suite une telle atteinte qu'on ressentait encore cette atteinte plus d'un demi-siècle après ? Il faut distinguer entre les faits généraux et les faits parti- culiers. 11 y a eu certainement dans tout le royaume une émigra- tion des Réformés, émigration très grande, émigration de gens de toutes les conditions et surtout des familles les plus riches, qui avait commencé bien avant 1685 et qui a duré assez longtemps. On sait quelle estimation Vauban en a don- née et quelles tristes réflexions cet événement lui a inspi- rées. Cette émigration était interdite; elle eut lieu par toutes les voies et de toutes les façons; elle fut successive. Elle détermina une crise dans la consommation. Le royaume