page suivante »
242 BIBLIOGRAPHIE notamment, chaque bourg de quelque importance a gardé le souvenir du passage de Mandrin et de sa troupe ; mais le plus souvent ce fait ne repose que sur une simple tradition. Ces données ne suffisent pas à M. Vernière, qui n'appuie son récit que sur des documents inédits retrouvés, pour la plupart, dans les archives départementales du Puy- de-Dôme. Nous voyons ainsi que Mandrin inaugure ses exploits dans nos pays, le 8 août 1754, à Saint-Chamond, où il tue le brigadier du bureau des soies. Nous le retrouvons ensuite, le 29 août suivant, à Montbrison, où « il force le receveur des tabacs d'en accepter pour » 5,532 livres 7 sous, à raison d'un petit écu (3 francs), la livre pesant. » Le 9 octobre, il entre à Charlieu, où le commis de l'entreposeur des tabacs est forcé de lui remettre la somme de 4,500 livres, en échange de 914 livres de tabacs de contrebande. Le même jour, sa troupe, qui se compose de 150 hommes, arrive à Roanne, où, entre autres exactions, Mandrin fait main basse sur les 10,000 livres que renferme la caisse de l'entreposeur des tabacs, auquel il remet 18 ballots de tabac de contre- bande. Le 10 octobre, les contrebandiers sont à Thiers, où ils exercent les mêmes déprédations au préjudice des employés des Fermes. Le 22, nous les retrouvons à Saint-Bonnet-le-Château, où Mandrin se fait délivrer 4,000 livres par le receveur du grenier à sel. Le lendemain ils revien- nent, pour la seconde fois à Montbrison, où ils délivrent les prisonniers et dépouillent le receveur du grenier à sel, de la somme de 6,000 livres. Le même jour la troupe exploite aussi la ville de Boën. Enfin, nous la retrouvons encore, le 23 décembre, à Cervières et à Noirétable. Mais ce fut là le terme des incursions du chef des contrebandiers dans le Forez. Nous ne le suivrons pas dans le Velay, où il continua à piller les caisses publiques. Passé en Savoie, Mandrin y fut arrêté le 11 mai 1755. Mais malgré son arrestation et sa mort, la contrebande continua à désoler le royaume, et plus d'un bourg important du Lyonnais et du Forez reçut, pendant plusieurs années encore, la visite des compagnons du célèbre bandit, qui est demeuré longtemps célèbre aux yeux du peuple, pour lequel il personnifiait, nous dit M. Vernière « la résistance « du pays au mode de recouvrement de l'impôt alors en vigueur. » A. VACHEZ.