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BIBLIOGRAPHIE I55 Plus heureux que nombre de ses amis, Cabanis semble ne pas avoir été inquiété par les gouvernements révolu- tionnaires et s'il toucha à la politique, ce fut seulement en fournissant à Condorcet le poison qui lui permit d'échap- per au bourreau par le suicide. De Gerando, encore un ancien officier, était né à Lyon. Sa philosophie opère un mouvement du côté du spiritua- lisme. Abandonnant la méthode d'observation extérieure, qui est celle des sciences naturelles, il sut pratiquer sur lui-même l'observation interne. Il remarqua très bien que lorsqu'il était plongé dans une atmosphère chaude ou froide, il éprouvait des modifications purement passives ; mais que dès qu'il mettait un de ses organes en mouve- ment, il savait avec une complète certitude que c'était son moi, un moi distinct du monde extérieur qui faisait effort, voulait et agissait. 11 découvrit ainsi en lui-même une activité et une volonté qui ne viennent pas de la sensibilité et qui subsistent indépendamment du monde extérieur. Cette distinction entre le moi et le monde extérieur fut encore plus solidement établie par Maine de Biran. Mais c'est dans l'ouvrage de M. Ferraz, intitulé Spiritualisme et libéralisme, plutôt que dans son livre sur l'histoire de la philosophie pendant la Révolution, qu'il convient de l'étu- dier. Maine de Biran nous y apparaît comme le plus éminent métaphysicien que la France ait eu depuis Malebranche. Les philosophes de l'époque de la Révolution, comme on pouvait l'attendre de personnages qui discouraient beaucoup sur le bonheur de l'humanité, n'ont pas manqué de bâtir des théories sur l'histoire. Notre esprit est ainsi fait que, trouvant des lois par- tout, dans le monde moral comme dans le monde