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84 CAUSERIE D'UN BIBLIOPHILE (en 1865), légua ce christ à M. Waldmann, son parent. Celui-ci avait en grande affection le curé de Saint-Paul ; lors de ses fréquentes visites au presbytère, il avait admiré plus d'une fois le magnifique objet d'art. Il le reçut avec bonheur, et le garda soigneusement, pieusement (ce sont ses propres expressions), dans sa maison de campagne. Tous les amateurs d'antiquités se souviennent de la vente Dommartin qui eut lieu en 1884, et pour laquelle on fit une grande publicité. Le catalogue, distribué en très grand nombre d'exemplaires, appelait l'attention des collection- neurs sur plusieurs pièces exceptionnelles ; un christ, entre autres, était signalé comme une merveille. M. Wald- mann, par curiosité, et désireux d'avoir un point de compa- raison avec son christ, se rendit à l'exposition de la collection Dommartin. Après un examen approfondi, il se retira convaincu que son christ, incomparablement plus beau que celui qui était mis en vente, devait être l'œuvre d'un artiste célèbre. Il réunit plusieurs de ses amis et leur montra le christ de buis ; l'un d'eux le retournant de tous côtés, découvrit sur un pli de l'écharpe, au bas des reins, ces mots : Fecit Jean GuilUrmin. Larousse consulté, on sut que Jean Guiliermin était l'auteur d'un christ d'ivoire, con- servé au Musée d'Avignon, et d'un autre christ, en buis, malheureusement perdu. M. Waldmann écrivit de suite à M. Roumanille, à Avi- gnon, lui faisant part de la découverte de cette signature, et demandant un rendez-vous avec M. Deloye, conservateur du Musée. Le rendez-vous, accepté avec empressement, eut lieu peu de jours après. Outre M. Deloye et M. Roumanille, plu- sieurs notabilités d'Avignon s'y trouvaient. D'une voix una- nime, l'authenticité du christ fut reconnue; il est déclaré l'égal de celui d'Avignon.