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62                    DANS L'ANTIQUITÉ

Ils n'ont prétendu à rien moins qu'à refondre le monde
 dans un moule nouveau ; et leurs utopies n'ont abouti le
plus souvent qu'à les rendre ridicules, à décourager pour
 longtemps leurs imitateurs.
   Eh bien, toutes ces utopies nous les retrouvons dans la
Grèce antique. Il y a deux mille cinq cents ans les places
publiques d'Athènes retentissaient de discussions sur l'in-
justice de la société, qui donnait aux uns des richesses
scandaleuses, aux autres la misère et tous les maux qu'elle
entraîne. On opposait le luxe insolent des riches, souvent
vicieux ou incapables, à la pauvreté imméritée de plus d'un
bon citoyen. Dans certaines villes doriennes la politique
s'était efforcée d'atténuer ce contraste. Les lois de Lacédé-
mone mettaient obstacle à tout accroissement excessif de la
richesse ; elles restreignaient le luxe individuel, en obligeant
tous les citoyens à une sorte de vie commune, le commu-
nisme du brôuet noir. Mais les penseurs athéniens allaient
 beaucoup plus loin que n'avaient fait les législateurs Spar-
tiates. Aucune législation n'aurait osé tout ce que se per-
mettait l'audace de leurs spéculations. En tous temps et en
tout pays les législateurs sont forcément retenus dans de,
certaines limites par le sens commun ; les spéculations ont
le champ libre. Partage égal des propriétés, égalité absolue
de tous les citoyens, égalité de l'homme et de la femme,
suppression du mariage personnel, remplacé par la liberté
indéfinie des unions, et par suite abolition du droit paternel,
les enfants appartenant en commun à l'Etat, voilà les har-
diesses où se complaisait l'imagination des utopistes athé-
niens. Il ne faut pas se figurer que ce fut là seulement le
lève de quelques esprits dévoyés; un grave philosophe,
Platon, n'a pas craint de' prendre à son compte les princi-
pales de ces utopies. Il les a fait entrer dans le plan de la