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A PROPOS DE LUGDUNUM 17 par suite, on comprend, sans la moindre difficulté, com- ment des circonstances toutes semblables, en Italie et en Gaule, ont pu et dû produire, dans les deux pays, des con- séquences analogues : car, en définitive, les peuples sont les mêmes partout, accessibles aux mêmes étonnements comme aux mêmes superstitions ; par conséquent, si, dans la légende romaine, l'apparition surnaturelle, au milieu d'évé- nements critiques, d'un corbeau dans le temple de Junon Sospita, a suffi, comme l'attestent les médailles, pour donner (tout au moins à Lanuvium) cet oiseau pour emblème à la déesse, de même l'apparition extraordinaire de cor- beaux, sur la montagne du dieu LVG, à l'endroit et au moment précis où allait, chose grave, s'y établir une cité, a suffi et dû suffire, à notre sens, pour faire (tout au moins à Lyon), de ces oiseaux, l'emblème du dieu. Et ainsi, de cette interprétation naturelle et vraisemblable de la légende gauloise, interprétation que vient, fort à propos, corroborer le récit de l'historien latin, nous croyons pouvoir tirer cette même conséquence que nous avions déjà tirée de l'étude des monuments : c'est que le corbeau a bien été, en Gaule, à Lyon, non point l'emblème de la ville, mais uniquement, et nous avons dit pourquoi, l'emblème du dieu LVG. Et maintenant, pour être absolument clair, donnons, au risque de nous répéter, les conclusions formelles qui décou- lent de notre travail : i° Nous avons apporté une nouvelle démonstration de la fausseté de l'étymologie tirée de Clitophon (LUG, corbeau, DUNUM, rocher), en montrant que « le corbeau sur le rocher » n'apparaît que sur les monuments fabriqués hors de la Gaule, comme l'aureus de Marc-Antoine, frappé à Rome en 711. A cette époque, en effet, Lyon venait à N° I, — Juillet 1890 ' 2