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                   A TRAVERS LA KABYLIE                     6<)

institutrice, la jeune fille kabyle finit par sortir de l'école.
Abandonnée alors à elle-même, rejetée par sa famille, chas-
sée par la misère, attirée par le désir de mieux connaître
cette indépendance que le contact journalier d'une Fran-
çaise lui a fait entrevoir, elle quitte son pays pour aller
échouer dans quelque mauvais lieu d'Alger. Ainsi finit
généralement la brillante élève de l'école française. Les
pères vraiment dignes de ce nom, qui ont consenti à faire
donner à leurs filles une éducation française, s'en sont éga-
lement mal trouvés. Tel est le cas d'un grand chef kabyle.
Ses deux filles, après avoir reçu une éducation française,
n'ont pu trouver à se marier, et le père se repent amère-
ment de sa conduite : « J'ai eu bien tort, disait-il un jour,
de faire élever mes filles à la française; sans cela, elles
seraient maintenant mariées. »
   Ces fâcheux résultats sont universellement connus et
redoutés; aussi, un père kabyle disait-il au Recteur de l'Aca-
démie d'Alger : « On nous raconte que tu veux prendre
toutes nos filles dans tes écoles ; si cela est vrai, nous
n'avons plus qu'à travailler une route pour aller nous jeter
dans la mer. » (pp. 151 et suiv.).
   Le Gouvernement commence à reconnaître qu'il s'est
trompé, et il songe maintenant à remplacer, pour les gar-
çons et les filles, l'enseignement primaire donné jusqu'à
présent, par un enseignement professionnel; on pense
remédier à tout par un changement de programme. Réus-
sira-t-on ?
   Si le musulman diffère de l'Européen, cela vient surtout
de sa religion. La condition de la femme, l'esclavage,
l'atrophie intellectuelle, tout cela vient du Coran. Pourra-
t-on le changer en conservant le Coran? Et en supposant
qu'on supprime l'enseignement du Coran, base de la civili-