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                         DOCUMENTS INÉDITS                            455
venin qu'aukun des religieux, qui s'en trouvoient attaqués, quoy que
robustes et bien secourus, ne purent le surmonter, mais furent bientôt
terrassés. Il n'y eut qu'un jeune religieux d'une délicate complexion et
grandement appréhensif, que Dieu conserva miraculeusement, nommé
Frère Aurélien, de Dijon. Dès lors et par le moyen du parfum mal à
propos et sans méthode pratique ou aultre communication secrète la
peste se glissa en ceste ville de Saint-Bonnet.
   Le 20 aoust ou environ les plus proches voisins des Pères Capucins
furent les premiers attaqués et ensuite plusieurs aultres, mais par le bon
ordre qu'on y apporta le mal ne fut pas grand. Et moururent hommes,
femmes ou enfants quatre-vingt et dix ou cent en tout.
   Je sortis de cette ville le 22 d'aoust avec ma famille et avec M. Ber-
thon et sa famille et nous retirâmes ensemble à Coussanges où nous
avons fait séjour jusques à la veille des Rameaux de l'année 1631 que
nous avons fait notre retraite en ceste ville. Dieu soit loué et béni de
nous avoir préservés de tous ces malheurs.
   Il sortit en mesme temps grand nombre d'habitants qui se retirèrent
à la campagne. Il ne resta dans la ville que trois cents personnes ou
environ, qu'il fallait nourrir aux dépens de la ville, avec M. La Coste,
procureur du roy, M. Anthoine Base, marchand consul, M. Besset,
Verchère, Gabriel Polin et Louys Faire, directeur de la Santé, qui en
avaient besoin. Deux bons Pères Capucins nommés le Père Anthoine,
de Grenoble, et le Père Aimoind, de Lyon, s'exposèrent pour le service
des malades avec un jeune chirurgien nommé Colomb. Dieu veuille
préserver ceste paouvre ville de semblables malheurs par sa miséricorde.
   Les religieuses de Sainte-Ursule ne furent exemptes de ce malheur,
car il y mourut trois religieuses de la peste entre lesquelles estoit Gene-
viève Fourcheville, ma cousine, qui fut la première attaquée.
   Messieurs les prestres etoient sortis la plupart. Entre ceux qui res-
tèrent, messire Hugues Charnais fut atteint du mal, dont il guérit et
par luy finit la maladie comme par un ecclésiastique elle avoit com-
mencé.

                                  1631

  Le... janvier 1631, messire Jean Syméon prestre, marchant la nuit
par la ville tomba dans une cour proche la maison de feu M. Bonnet
Veimond et de cette chute mourut dans 4 jours.