Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                     BIBLIOGRAPHIE                                       83
   Nous retrouvons également les vieilles idées atomiques, venues de
l'antiquité, en passant par Isidore de Séville. A ces molécules pestilen-
tielles venant de Mars et de Jupiter, et que les vents répandent sur toute
la terre,
                          En forme de pouldre ou de cendre
                          Estant pesant plus que légère. (V. S02,       3.)


il eût suffi d'attribuer une vie propre pour énoncer la théorie mi-
crobienne       la théorie bien entendu, car en fait de démonstration
il ne pouvait y en avoir à cette époque et en matière scientifique, les
anciens avec toute leur perspicacité n'en ont jamais donné (2).
   Telles sont les notions principales qu'on avait alors sur la nature de
la maladie : voyons maintenant ce que l'observation des faits avait
appris.
   La peste étant caractérisée par des phénomènes généraux très graves,
et le développement sur toutes les parties du corps de tumeurs désignées
par les. médecins sous les noms de bubons et de charbons, il n'est pas
étonnant que cette dernière manifestation ait surtout attiré l'attention
des contemporains. C'est donc sous' le nom de « boce », synonyme de
tumeur, que la peste est mentionnée dans le poème. Après avoir discuté
sur les causes prochaines et s'être ainsi rapproché de la réalité, il nous
donne « les signes et arguments par lesquels on peut conjecturer et
pronostiquer des mortalités à venir. » Puis il examine quels sont
ceux qui sont disposés à recevoir « plus tôt l'infection d'épidémie », et
comment cette dernière vient « aucunes fois par divin vouloir seule-
ment. » Aussi bien la « fragilité et grande faiblesse » de l'espèce
humaine expliquent-elles encore mieux la diffusion du fléau.
   La deuxième partie consacrée aux moyens par lesquels on peut lutter
contre lui, présente un grand intérêt, car les mesures d'hygiène pré-
conisées par l'auteur, sont à peu de choses près celles que nous pres-
cririons aujourd'hui. On reconnaît dans ces sages préceptes plus d'un
emprunt fait à l'Ecole de Salerne, dont les doctrines régnaient encore
dans la plupart des Ecoles.
 • Il conseille en outre de ne point se laisser envahir par la peur, car
la joie et la gaieté sont les meilleurs des préservatifs. Les historiens du


  (2) Voir à ce sujet notre livre intitulé : Un Précurseur lyonnais des théories microbiennes.
J . - B . Goiffon et la natwe ar.iméc de la peste : von, Georg, 1886.