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366 LUTHERIE tout en parlant beaucoup de lui-même, il donne d'utiles notions sur sa manière de composer. Vers sa fin., se sentant débordé par l'école sévère de Lesueur et de Cherubini, voyant avec peine le drame prétentieux supplanter les anciennes pièces à ariettes, il fait entendre des paroles pleines d'amertume sur la perte de ses illusions, et regrette que son âge ne lui permette pas de recommencer ses oeuvres sur de nouvelles bases, en les appuyant de tout le luxe instrumental dont les auteurs donnaient l'exemple. Puis Méhul, trop délaissé maintenant, la vraie gloire de l'école française. Joseph, Euphrosine, Stratonice, Ylralo, sont des chefs-d'œuvre. La phrase de Méhul joint à l'am- pleur la vérité de diction, la grâce et la distinction. Son orchestre est traité de main de maître. Venaient ensuite les violonistes de tous les temps, pour l'Italie et en première ligne Arcangelo Corelli. Ce musicien, qui vivait à la fin du xvnc siècle, était aussi un compositeur, et ses gigues sont restées célèbres. Si quelqu'un est tenté de sourire à ce nom de gigue, qu'il se souvienne que Weber et Beethoven ont fait des valses, et que Chopin s'est illustré par ses mazurkas, dont le nom est tout aussi bizarre. Corelli fonda la première école de violon, d'où sont sortis : Tartini, connu par l'Art de l'archet et la Cadence du Diable ; Locatelli, étonnement des amateurs naïfs, croyant que la difficulté est née d'hier ; Pugnani orné d'un nez monu- mental dont Baillot faisait jouer les belles sonates à ses élèves pour leur donner un style large et soutenu; Violti et Fiorillo : le premier a un renom européen, autant par ses duos et ses concertos passés à l'état de modèles, que par sa manière de les exécuter. A sa mort, son violon, un des plus beaux Stradivarius connus, fut vendu un prix énorme; il