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174 HISTOIRE DU COUVENT réjouissances, si brillantes, par lesquelles fut célébrée, dans notre ville, la nouvelle de la victoire de Jarnac. Toutes les autorités civiles, militaires, judiciaires et ecclé- siastiques figurent dans le cortège de la procession, qui eut lieu en cet honneur ; une immense population s'y mêla ; les poètes du temps s'ingénièrent à composer des sonnets, huictains, devises, etc., qui furent chantés en musique. Le siège d'un château, construit sur la place Bellecour, l'attaque et l'abordage au milieu des eaux de la Saône, d'une galère, par un brigantin, des pièces d'artifice, et le concours prêté par les diverses compagnies de gens d'armes à ces scènes militaires, sont avec détails décrits dans cette relation. Sous le rapport musical, elle contient des citations curieuses à noter. Dans le cortège venait, avant l'archevêque et le gouverneur, « la bande de joueurs de violions touchant magnifiquement bien. » Devant des reposoirs établis de distance en distance, avait lieu « après les prières ecclésias- tiques, la musique organique et instrumentale de hautbois et de cornets à bouquins, avec une allègre armonie et armo- nieuse allégresse. » Devant l'un d'eux « furent faites prières, oraisons et louanges à Dieu, en musique vocale solennelle de chant et de lettres. » Nous ne pouvons, à propos de ces appréciations, songer à faire l'histoire de la musique. Il conviendrait cependant de fixer le sens de ces mots « musique vocale nouvelle de chant et de lettres. » Est-ce à dire que l'air et les paroles avaient été composés exprès pour la circonstance, comme du temps de Diodore de Sicile, les Victricia Carmina ? Nous ne pouvons les interpréter autrement, ne connaissant aucune transfor- mation dans l'art musical à la date précitée. Mais ce docu- ment nous montre que si Lyon avait, au xvie siècle, des poètes renommés, il avait aussi ses compositeurs, et plu-