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LE PROCÉDÉ MUSICAL DE R. WAGNER 451 sur les ruines futures de l'art où il excellait, puisque, suivant ses admirateurs, la formule du bon plaisir dont il est l'apôtre, menace de nous conduire « à la barbarie et au cahos ». * * Il nous reste à examiner quels sont les éléments nouveaux que Wagner apporte à la musique. Nous ne parlerons pas du rôle très prépondérant de l'orchestre dans l'œuvre dramatique, ni de son immixtion constante dans la peinture des sentiments exprimés par l'acteur. Certes, le procédé n'est point nouveau. Wagner a su lui donner une physionomie originale et colorée, mais au fond il n'y a pas un élément inconnu des Maîtres sym- phonistes depuis Beethoven. Le motif typique, la mélodie de la forêt, voilà donc ce qui forme le bagage introduit par Wagner dans le drame musical. Mais là encore il n'a rien découvert. Il a modifié l'emploi du motif caractéristique assez vaguement entrevu il est vrai, par Weber et par Meyerbeer, le développant dans de savantes combinaisons pour en faire le pivot de tout son système, qui est évidemment très ingénieux. L'emploi du Leitmotive prouve chez son auteur un immense talent dans l'art de mettre en œuvre les éléments de la musique. Mais n'offre-t-il que des avantages? C'est des motifs typiques et de leurs combinaisons que Wagner forme ses mélodies, si mélodie il y a, par un travail curieux et compliqué, qui, pour être apprécié de l'auditeur, demande à celui-ci une étude anté- rieure et approfondie de l'œuvre et de ses moyens d'exprès-