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418 INAUGURATION DE LA STATUE La parole est donnée à M. François Coppée. L'orateur ne veut rien ajouter aux éloges, déjà faits par lui-même et par tant d'esprits du premier ordre, du poète, dont on fête en ce jour la mémoire. Ce qui caractérise l'œuvre de de Laprade, c'est son absolue et parfaite unité, et cette unité n'est ni de la monotonie, ni surtout de l'immobilité. Au contraire, son esprit a toujours suivi une marche progres- sive, en se rapprochant de la perfection. Aussi, son oeuvre offre le rare phénomène d'une inspiration sans défaillance et n'ayant pas connu de déclin. « Mais chez Victor de Laprade, l'existence vaut l'œuvre; la dignité morale égale le don poétique. Homme de tradition et de fidélité, modeste d'esprit, fier de cœur, indépendant surtout et désintéressé, il a vécu toujours selon l'honneur et le devoir, et à l'heure de la dis- grâce, je dirais presque de la persécution, il a montré le plus simple et le plus ferme courage. Cette âme virgilienne avait le stoïcisme d'un Caton. » Puis à ce portrait si vrai de l'homme privé, l'orateur ajoute celui du poète : « Votre poète n'a pas connu les succès enivrants, la tumultueuse popularité. Non, il a vécu en solitaire, pour mieux écouter la musique divine qui chantait dans son cœur. Il a pris le chemin le plus difficile, celui qui monte, et il l'a suivi courageusement sans s'arrêter. Mais aujourd'hui, il reçoit sa récompense, tandis que plusieurs de ses rivaux, qui étaient partis en triomphateurs, se sont égarés en route ou sont tombés à mi-côte, lui, il a touché le but; il est sur le sommet. « Voici sa statue ! » A M. Coppée succède M. Fontaine, professeur à la Faculté des Lettres de Lyon, qui nous fait connaître sur-