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                   SUR LE SALON DE l 8 8 8                 389

campés, bien vrais; le succès du tableau est franchement
sorti de toutes ces qualités d'ensemble et de détail que la
critique bienveillante et sérieuse reconnaît plus aisément
qu'on ne le pense aux artistes qui luttent avec les difficultés
de leur art.

   Un artiste, un maître d'un grand talent, M. Danguin,
s'est délassé de ses travaux de burin, dont la renommée
dépasse de beaucoup notre cité, par un petit tableau spiri-
tuel et sans prétention, intitulé les Deux Amis. Ces deux
figures de villageois ont un entrain parlant et communi-
catif, les confidences qu'ils se font se devinent : il doit être
question entre eux de Fanchette ou de Suzon bien plus que
du général Boulanger. Ce petit tableau, franchement peint,
heureusement composé, a été l'objet d'une faveur méritée
de la part du public.

   L'Ange gardien, de Gabriel Perrier, exposé naguère au
Salon de Paris, attirait aisément les regards. Couché dans
une barcelonnette, un petit enfant tout rose dort dans la
paix innocente de sa jeune vie ; son ange gardien abaisse
sur lui ses regards séraphiques, entourant de ses longues
ailes l'enfant et le berceau. C'est chose étrange que la
matérialisation de 'cet être idéal, l'ange, dont la foi admet
l'existence, intermédiaire entre Dieu et la créature, essence
mystérieuse dont l'œil humain n'a jamais perçu la forme
visible au-delà des temps qui ont précédé l'acte surhumain
de la Rédemption du monde. L'auteur a abordé de front
et avec une certaine audace, le problème insoluble-en soi
de la forme terrestre d'un ange, et il s'en est tiré par
un archaïsme savant et voulu.
  Son ange gardien est revêtu du costume des nobles
dames du temps où Jeanne d'Arc entendait ses voix..