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SUR LE SALON DE l88S 387 Il y avait beaucoup de science dans cette simplicité cher- chée et ce tableau, d'abord vulgaire, finissait par attacher infiniment plus que des feux d'artifices partant d'autres toiles. Je ne parle pas ici de ceux qu'un certain Samson attachait à la queue de certains renards. C'est là un des souvenirs folâtres du Salon. Il en faut plaindre l'auteur et ne le point nommer. Les fleurs, cette gloire utilitaire de l'École Lyonnaise, étaient très honorablement représentées au Salon, tant par l'école classique du fini et de la conscience que par celle plus moderne de l'inachevé et de l'impressionisme. Parmi tous ceux que je voudrais citer, je prends seule- ment à partie les Lilas de M. Castéx-Dégrange, professeur de fleurs à l'Ecole des Beaux-Arts, comme type de cette peinture moderne. Une corbeille d'osier, pleine de fleurs printannières, parterres et champs, tel esc tout le tableau. Son efflores- cence nous rappelait, hélas ! il y a quelques semaines, qu'il n'est plus de printemps, et que les poètes et les peintres ont seuls le privilège d'en réveiller à nos sens le souvenir aimé d'autrefois. Non qu'il n'y ait place pour quelques critiques, mais il y a de très jolies et très fines parties dans ce tableau. La droite de la corbeille, où les fleurettes rus- tiques dominent, est tout à fait charmante : les tiges et les corolles de ces fleurs sveltes et légères, s'entre-croisent de la plus délicate et savante façon. Certes, le procédé de Castex-Dégrange est tout à fait l'opposé de celui que notre illustre Saint-Jean mettait en œuvre pour composer ses merveilleuses toiles, ici, c'est par touches vives, juxtaposées comme une mosaïque, que procède l'artiste. De près, c'est fort laid, le dessin n'existe