Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
370              L'Å’UVRE DE PIERRE DUPOHT

traire. Cherchons donc, parmi les deux cents chansons de
Pierre Dupont, celles qui lui ont valu d'être marqué au
front de cette terrible épithète.
   Serait-ce le Chant des Ouvriers ? Nous y trouvons des
gens de labeur, parlant une langue qui, pour être correcte
et décente qui n'est pas moins vive et imagée, et traduit le
sentiment populaire mieux que celle des héros de M. Zola.
Car l'erreur de l'écrivain soi-disant naturaliste est de croire
que l'image d'un cheval, grossièrement sculptée par un
artisan impuissant à faire mieux, rend l'idée que le peuple
se fait du noble animal plus exactement que les chevaux du
Parthénon.
   Les ouvriers de Pierre Dupont se plaignent de leur
condition — ce que nous faisons tous — exprimant les
griefs, vrais quelquefois, souvent imaginaires, des classes
vouées à la peine. Mais point n'est besoin d'être socialiste,
au mauvais sens du mot, il suffit d'être contribuable sous
n'importe quel gouvernement, pour s'écrier :

              Pauvres moutons, quels bons manteaux
              Il se tisse avec notre laine.

   Nos campagnons réclament, à la vérité, une meilleure
répartition des richesses. Mais faut-il leur en faire un crime ?
et n'est-ce pas le vœu de quiconque s'emploie à l'améliora-
tion du sort des petits? Ils s'expriment, d'ailleurs, avec
tant de candeur, disant par la bouche de leur chansonnier :

              Nous nous plairions au grand soleil
              Et sous les rameaux verts des chênes.

  Assurément, ces utopistes ne sont pas dangereux. On