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346            LETTRES D'HIPPOLYTE FLANDRIN

et qui domine la place d'au moins cent cinquante pieds :
Tout se réunit pour en faire une chose sublime : le soleil,
qui avait été caché toute la matinée, brillait en ce moment
de tout son éclat; le Pape parut à la tribune assis sur son
trône et toujours élevé sur les épaules de ces hommes.
Alors un silence parfait s'établit dans l'immense foule. Le
Pape se lève, étend ses bras vers le ciel et donne sa béné-
diction en s'écriant : « A la ville et à l'univers. » Au même
instant le canon gronde, se mêle au bruit des cloches, des
musiques, des tambours ;... puis la foule recommence son
bruit et s'écoule. Je n'ai jamais rien vu d'aussi majestueux,
d'aussi solennel ! Ah ! je m'en souviendrai longtemps.

    {4 mai) Souvent je vais dans les églises. Peut-être y
vais-je trop en observateur, mais je ne peux m'empècher
de penser à la France et de comparer avec ce que j'ai sous
les yeux- —- Ici les églises sont très nombreuses et c'est
une des causes sans doute qui font que l'on y voit si peu
de monde à la fois. Je me rappelle l'affluence que l'on voit
dans celles de Lyon et même de Paris, combien ça me
paraît beau, respectueux, tranquille. Ici on va, on vient, on
 parle haut, on félicite ses amis, ses connaissances, et sur-
tout si c'est une fête solennelle on ne se croit plus dans une
église. Nous nous plaignions de l'extérieur du clergé pari-
sien ! C'est bien autre chose celui-ci. Mais les moines sont
admirables : ils sont graves, tranquilles et beaucoup ont
l'air vraiment religieux. Je suis porté pour eux parce qu'ils
ont un air franc et ouvert qu'on ne peut pas trouver dans
les bourgeois ; et comme beauté physique, surtout dans les
ordres mendiants, ils leur sont bien supérieurs. Ça vient,
je crois, de ce que ces moines sont paysans ou de la basse
classe du peuple, et ceux-là ont conservé un caractère de