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LES 214 ARBRES DES QUAIS ET DE BELLECOUR les promeneurs et les passants, en supprimant une grande partie des superbes tableaux qu'ils avaient devant eux. Cannaletti aurait-il jamais fait ses belles vues de Venise, s'il avait trouvé des amas continus de feuillage devant les maisons du grand canal ? Ce que je viens de dire pour les quais, je peux le répéter pour Bellecour. Quel est l'habitant de cette belle place qui trouve agréable de voir devant lui s'élever, chaque jour un peu plus, un énorme paravent, destiné à lui cacher tout ce qui se passe derrière ? Qui sait s'il n'a pas loué, ou même acheté sa maison, précisément pour jouir du coup d'œil des revues et des illuminations, et pouvoir surveiller ses enfants qui se pro- mènent dans la voiture des chèvres ou autrement ; et peut-être aussi pour contempler face à face le cheval de bronze, dit chef-d'œuvre du citoyen Lemot; tous les goûts ne sont-ils pas dans la nature ? Pour peu que cela continue, il n'en jouira pas plus de sa fenêtre, que s'il était dans la rue Mercière. Je suis donc de ceux qui approuvent hautement l'opé- ration que l'on vient de pratiquer sur ces arbres, en les décapitant un peu ; et je demande, dans l'intérêt général, qu'on fasse subir le même traitement à tous ceux de nos quais, en les abaissant plus encore. En résumé, pour que nos plantations satisfassent au besoin du public, c'est-à -dire qu'elles garantissent du soleil les promeneurs et les passants, pendant quelques heures de la journée, il suffit qu'elles soient simplement des ombrelles de feuillage bien touffu, s'élevant le moins possible, pour ne