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142 UN LIVRE POSTHUME ÛE j . - J . AMPERE son chemin des hypocrites, des intrigants (il y en a par- tout); et il se donne le tort d'en rendre responsable l'Eglise elle-même qui n'en peut mais. Il est bien à présumer qu'il eût fini dans ces préventions et ces défiances, sans l'in- fluence lente, patiente, et d'une douceur invincible, qu'exerça sur lui la jeune malade dont il lui fut donné d'adoucir les derniers moments. A ces deux bienfaits réci- proques c'est Jean-Jacques qui gagna le plus. Nous trouvons un touchant témoignage de cette in- fluence dans une série de notes écrites par Ampère en 1862 pour la pauvre petite fille orpheline de Mme L., notes con- servées par M 1 " Cheuvreux, et intercalées dans la Corres- pondance; et ce témoignage est confirmé par plusieurs lettres de l'abbé Perreyve, ami et confident de tous ces coeurs brisés au mois d'octobre 1859 par la mort de l'ange à jamais disparu. Ce prêtre si aimable et si distingué pleurait avec ses amis; mais leur montrait aussi, avec l'autorité de son caractère et de sa vertu, où sont les vraies consolations d'une si cruelle douleur. Dans ces notes écrites trois ans après la mort de Mme L., et adressées à sa fille Madeleine, J.-J. Ampère parle avec attendrissement de la jeune sainte (c'est le nom qu'il lui donne à plusieurs reprises); de sa douceur, de sa piété, et pour décrire cette vie et cette mort, son langage s'empreint d'une teinte toute chrétienne. Elle avait prié pour lui ; il le savait par l'abbé Perreyve, qui avait recueilli les dernières paroles de la mourante. Plus tard, dans un écrit intitulé : Lettres à une morte, Jean-Jacques l'en remerciait, il l'en bénissait. « Ces prières, ces vœux pour la réunion éternelle, lui disait-il ; voilà ce qui en ce moment, où je viens de lire l'expression de votre désir suprême, domine momentanément tout, même mes re-