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ET LE BARREAU LYONNAIS III un travail, mais une promenade. » Ce n'est pas pour lui qu'a été faite cette définition : « un bon conteur est le juif errant de la frivolité. » Dans sa correspondance et dans sa causerie, Humblot traite un sujet, il raisonne, il argumente, il discute. Son style est souvent éloquent, il n'est jamais ingénieux et spirituel; sous l'écrivain, on retrouve l'ora- teur. Tantôt, il veut démontrer la nécessité de la douleur et du mal, et toute une longue lettre est remplie de cette thèse philosophique. Tantôt, il essaie de définir les joies du paradis et les horreurs de l'enfer. Un jour, il discute sur la mort; rappelant ses souvenirs, il voit les saints, les bons et les pieux, tourmentés à la dernière heure, ne pouvant se détacher de cette vie, sans cette angoisse qui terrassait le Christ au jardin des Oliviers ; mais loin de s'inquiéter de ce regard éperdu que les agonisants jettent en arrière, cette épouvante suprême le rassure. La mort n'est si douloureuse que parce qu'elle est une expiation, que parce qu'elle rend l'âme digne du prix qu'elle doit enfin atteindre. Une autre fois, un article de Veuillot, sur la mort de Mgr Dupanloup, lui remet en mémoire toute l'histoire du gallicanisme, et le catholique autoritaire n'est pas tendre pour l'église libérale; il s'indigne à la pensée que l'on ait voulu faire dans l'im- muable constitution de l'Eglise un autre 89, et dans la polémique engagée entre l'Evêque d'Orléans et le Rédacteur de l'Univers, on sent que c'est du côté du publiciste, que sont toutes ses sympathies. A ses yeux, « Veuillot n'est pas seulement un maître écrivain, c'est un grand cœur et un grand chrétien... un artiste »; et son impopularité même est un titre à ses yeux. —Mais ses préoccupations se tournent surtout vers nos tristesses politiques. En face de la persécution religieuse, il s'insurge. Une patriotique