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l î ï LE BARREAU LYONNAIS IO7 choses de la terre, et relevant nos âmes vers les consola- tions de la croix, eût-il trouvé des accents plus éloquents que cette page superbe dans laquelle Humblot nous retrace les funérailles de son ami, le premier président, Gilardin ? Au mois de novembre de l'année dernière, coup sur coup et à quelques heures d'intervalle, nous apprenions l'apoplexie qui l'avait frappé, puis la mort. Deux jours après, nous suivions ses funérailles et j'ai présente encore à la pensée l'impression que je rapportai de la funèbre cérémonie. De la maison mortuaire, l'immense cortège s'était déroulé jusqu'à la place Saint-Jean. Là , sur le parvis de la cathédrale, s'étalait un nom- breux clergé dans la majesté des vêtements sacerdotaux. Sur la place, des troupes rangées, infanterie et cavalerie, tenaient l'épée au vent et présentaient le salut des armes. Autour, la foule. Il y eut un arrêt de quelques secondes ; puis, de cette pompe quelque chose se détacha ; c'était le cercueil qui poursuivait sa route, précédé d'un seul prêtre et accompagné d'un médiocre cortège d'amis. A mesure que nous mon- tions, les rumeurs de la place se perdaient dans le lointain ; bientôt elles se turent et ne laissèrent plus entendre que le pas lourd et cadencé des porteurs. Au cimetière, une fosse était creusée pour recevoir ses restes, à côté de celle où dormait la mère de ses enfants. Point de dis- cours sur cette fosse, qui n'entendit que les graves et fortes paroles de la liturgie catholique; et tout auprès, sur une croix semblable à celle du plus humble des fidèles, préparée en attendant un monument plus riche, non pas plus touchant, je lus ces mots : CI GIT ALPHONSE GILARDIN PREMIER PRÉSIDENT A LA COUR DE PARIS NÉ A T U R N H O U T LE l 8 MARS 1805 DÉCÉDÉ A CHAMPOLLON ( A I N ) , LS 9 NOVEMBRE 1875 PRIEZ POUR LUI Saisissant contraste, instructive et puissante image! En bas, tout le fracas et toute la splendeur des vaines magnificences de la vie ; en montant, les derniers reflets de cette splendeur et les derniers mur-