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22                          PAUL   HUMBLOÃ

«   cœur et voyez si la réponse ne confirme pas la solution que déjà
«   nous a donnée la tradition chrétienne ! Quoi ! le corps de la femme,
«   du moment où l'âme l'a abandonné, appartiendrait à un autre qu'à
«   l'époux. Messieurs, j'admettrai toutes les hypothèses. Je placerai la
«   morte à tel âge qu'il vous plaira, à telle époque que vous voudrez
«   de l'union conjugale. Ce sera ou une jeune femme que la mort vous
»   aura dérobée dans sa fleur, ou une épouse âgée qui a traversé avec
«   vous le pèlerinage d'une longue vie. Eh bien ! à qui ce corps qui
«   recevait naguère les premiers embrassements ? A qui cette dépouille
«   qui a vieilli avec vous-même ? La mort les enlevera-t-elle à celui
«   auquel le mariage les avait donnés ? Quelqu'un pourrait-il placer ses
«   droits à côté de ceux de l'époux ? Non. C'est imposible, vous dis-je.
«   Tenez ! Il y a des idées que je ne veux pas approfondir, parce qu'en
«   y touchant, on risque de les ternir. Mais je fais appel à votre cœur.
«   Je vous interroge, vous tous qui savez ce que c'est que le mariage,
«   qui avez ressenti la sainte et pudique jalousie de l'amour conjugal ;
«   et d'avance je suis sûr de la réponse     »

     Mais j'ai tort, je le sens, de rappeler cette cause isolée.
Lorsqu'on recueille des volumes de plaidoyers, on ne fait
qu'offrir à la curiosité déçue du public l'image immobile de
l'éloquence, semblable à des statues de pierre que les sculp-
teurs couchent sur les tombeaux. Entre la réalité troublante
et cette reproduction glacée, il y a la différence de la santé
à la mort. Qu'est-ce donc lorsqu'on ne jette au cours d'un
récit que quelques citations décolorées. C'est vouloir de
toute une harmonie dissipée dans les airs, retenir quelques
notes confuses ; c'est tenter, avec l'effort d'un seul jour, de
reconstituer l'œuvre de toute une vie.

                                                 J. MILLEVOYH.
          ÇA suivre.)



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