page suivante »
ET LE BARREAU LYONNAIS 13 engouements tapageurs. On n'y apprécie guère les admira- tions silencieuses, la victoire n'y est pas modeste. Les triomphes y étalent d'orgueilleuses allures, et les longs efforts ont toujours pour récompense une heure de gloire et de fumée. — Cependant ces grands maîtres obscurs, ces brillants talents inconnus n'ont pas écouté ces séductions et ces appels. La paresseuse tyrannie des habitudes, qui donne un charme si intime au travail quotidien et rend insensible et douce l'approche même de la vieillesse parmi les compagnons accoutumés, le fidèle regret des amitiés qu'ils devraient délaisser, l'incertitude des horizons dou- teux qu'il faudrait découvrir retiennent au pays natal, au Barreau qui écouta leurs débuts, ces casaniers de l'élo- quence. Et je ne sais pas s'ils n'ont pas trouvé le véritable emploi de la vie, s'ils n'ont pas suivi le plus court chemin du bonheur, ces hommes modestes qui, se contentant du talent, ont eu pour le bruit et la renommée une souriante indifférence. Tandis que Sauzet et que Jules Favre allaient demander à Paris un plus vaste théâtre pour le libre vol de leur parole, et, se confiant aux trahisons de la politique, dépenser et dépayser leur activité dans des responsabilités périlleuses, tandis que Gilardin, abandonnant la barre, où il avait conquis une précoce renommée, entrait dans la magistra- ture, qui garde son souvenir comme l'une de ses plus légi- times fiertés, Humblot souhaitait un vent favorable à ces amis impatients et demeurait au Palais où son ambition ne réclamait qu'une place respectée, où son talent allait lui conquérir le premier rang.