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              ET SON PÈRE LE SIEUR DE ROISSY                    399

   Cependant, M. de Roissy se désespère de voir son fils
demeurer si longtemps en Allemagne, à Hambourg, où il
résidait alors, et il désigne, pour le remplacer, quelqu'un
qui n'était pas sans doute de ses amis : « Je voudrais bien
seulementquepuisqueM.de Beliepvre (fils du président
de Bellièvre), est si bon allemand qui boit vingt-huit verres
de vin à un disné avec l'Evesque de Chartres, qui me l'a
dit, et le tout à la santé d'autruy et ruine de la sienne, (il)
eust envié vostre employ et vous allast relever de sentinelle,
où il pourrait bien réussir, du moins à table (22). »

   D'Avaux avait cependant d'autres distractions que celle
de boire pour le service du roi. Un grand seigneur, nommé
Potoski, lui avait donné deux chameaux avec un Tartare
pour les gouverner. Nous' trouvons, dans le journal de
Charles Ogier, ce secrétaire modèle, qui avait su raccourcir
avec des vers latins, le long voyage de Calmar à Stockholm :
« l'ambassadeur, pour se détendre l'esprit qu'accablaient
ses occupations, considérait ses chameaux, et nous lisions
dans Pline, ce qu'il disait de ces animaux (23). » Mais
d'Avaux se montrait, ce semble, peu reconnaissant du
délassement qu'ils devaient lui procurer, car il fait en ces
termes leur oraison funèbre : « Pour les chameaux, ils sont
tous deux morts, la femelle, d'avoir avorté, et le masle de
regret de l'avoir perdue ; celui-cy estoit le plus haut et le
plus laid animal qui se peust voir (24). »


   (22) P. 249.
  (23) Ipse utique Ugatus, ut animum a gravioribus curis relaxaret, came-
lorun suorum spectaculo vacavit ; indique quid de cameîis Plinius narraret
evoluimus, (26 sept. 1635, p. 93).
  (24) P. 93.