page suivante »
LA BOUCLE D'OR 377 répondit que André Michel était mort à Rio-de-Janeiro, où Olympe Fan ta et lui se trouvaient engagés. Les deux artistes avaient à la fin réussi à gagner quelque argent. Aussi André songeait-il à repasser l'Océan et à s'enquérir de ses deux enfants, dont le souvenir lui pesait comme un remords s'alourdissant de jour en jour. La mort le surprit au milieu de ses projets. C'est alors que, se sen- tant seule au monde et à la tête d'un petit avoir, Olympe avait été prise, à son tour, du désir de revenir en France et de retrouver sa fille. Elle s'était, à cet effet, assuré le concours d'un homme d'affaires qui avait habilement con- duit les démarches. * * Lorsqu'un enfant abandonné est recueilli par l'adminis- tration hospitalière, il est pris note de tout ce qui peut aider plus tard à le faire reconnaître. Or, à la case de l'orpheline élevée par les époux Bonin, le registre d'entrée mentionnait un double signe à l'épaule et au bras gauche, et, chose surprenante, M. et Mme Bonin affirmaient tous deux que leur pupille n'avait rien de semblable. Mais ce défaut de concordance sur un seul point, ferait-il preuve pour d'autres que pour eux seuls ? M. Bonin, après avoir quitté Jean, se rendit chez la nourrice, et là , brusquement : « Nourrice, la Garite n'est pas l'enfant que vous a remis l'hospice. — Ah ! mon Jésus, s'écria la vieille, si l'on peut dire! — Je vous affirme, appuya M. Bonin qui, la joie au cœur, surprit un tremble- ment chez la paysanne, je vous affirme que ce n'est pas le