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REVUE DU MOIS Départ des hirondelles, réouverture des théâtres en attendant celle des salons, rentrée des collèges, des tribunaux et du parlement, premiers marrons et première neige, en tout ceci rien n'est fait pour réjouir, et théâtres et marrons me semblent un mince dédommagement en regard du reste. Avec les hirondelles, plusieurs personnages ont aussi pris leur vol, sinon pour les pays lumineux, au moins pour la lune, laissant derrière eux des trouées d'un million et se gardant bien de crier leur départ sur les toits. Cette passion malsaine de l'argent d'autrui, après avoir sévi sur le barreau, a gagné les syndics de commerce, et la garde qui veille a la porte du Tribunal n'en défend pas les présidents mêmes. X Au Grand-Théâtre, de notables améliorations ont été faites, en vue des dégagements. Toutefois, l'administration municipale a contrevenu à son propre arrêté, prescrivant l'emploi de la lumière électrique dans les salles de spectacle. Il est nombre de villes qui sont depuis longtemps entièrement éclairées par l'électricité ; mais les Lyonnais qui se hâtent très lentement — sans doute parce qu'ils sont très sages — et qui ont commencé, il y a plus de trente ans, des expériences d'éclairage pour l'ex-rue Impériale, en sont encore à étudier les voies et moyens. Si, du dehors du théâtre, nous tentons de jeter un regard et de tendre l'oreille en dedans, nous constaterons que la hauteur des cha- peaux des dames, à l'orchestre, va toujours s'élevant et que l'habitude des débuts tapageurs est loin de se perdre à Lyon.