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                   DES ENFANTS DU KHONE                      3 13

   Malheureusement le Monument devait encore rester
incomplet pendant de longs mois ; les sculpteurs n'étaient
pas prêts ; le groupe principal surtout était resté dans la
laborieuse période de l'enfantement.
   Quant à M. Textor, ses maquettes étaient terminées et
les deux trépieds en bronze sur le point d'être fondus. On
a pu voir pendant longtemps ces deux trépieds à leur place,
couronnant les pylônes de l'hémicycle alors que la palissade
provisoire continuait à clôturer le Monument toujours ina-
chevé. Ceux qui les ont approchés ont jugé l'œuvre si déli-
catement ciselée, refouillée, que le fondeur Thiébaut a
habilement reproduite. Ils ont pu se convaincre que le sta-
tuaire, dont le talent nous est bien connu, pouvait être en
même temps un ornemaniste distingué.
   Mais j'ai hâte de parler de l'œuvre principale de Textor,
de celle où il a bien donné sa mesure et qui, je le crois, ne
redoutera point la critique. Son lion blessé est un morceau
achevé de forme et d'expression. Exécuté en demi-ronde-
bosse, dans des limites où l'inspiration de l'artiste avait
quelque peine à se développer, il a pu néanmoins donner à
son sujet toute l'ampleur qui lui convient. Je n'ai pas à
ajouter que le sculpteur a apporté à l'interprétation de son
œuvre la consciencieuse habileté qui le caractérise et que
l'on retrouve jusque dans le moindre de ses ouvrages.

   Il est certain que la tâche la plus lourde, celle où l'artiste
assume la plus grande part de responsabilité, incombait à
celui qui devait interpréter le groupe principal, c'est-à-dire
personnifier en quelque sorte l'esprit, la pensée philoso-
phique du Monument. Et l'on comprend que l'on ne pou-
vait assigner des limites précises à l'œuvre considérable de
Pagny. D'ailleurs, cette œuvre était devenue plus complexe ;