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282                    LA BOUCLE D'OR

    « Moi, je me suis marié sur le tard,» dit-il d'abord. Puis,
après un silence : « Au moment où vous êtes parti pour
l'Italie, vous devez vous en souvenir, je fréquentais la petite
nièce du vieil abbé Germain. Vous avez bien su tout cela. »
Et il me regardait de cet air étonné des gens qui estiment,
de bonne foi, que les faits intéressant leur existence doivent
être de notoriété publique. Il m'était bien revenu, en un
temps, l'écho d'un incident dont s'était ému le quartier;
mais je n'étais pas sur les lieux et c'était si ancien !
    Cependant nous étions entrés en gare de Roanne. Si
sommaire et si rapide qu'eût été le déjeuner pris ensemble
au buffet, le rapprochement qui naît toujours d'un repas
fait en commun avait produit ses effets, et, presque aussitôt
nos places réintégrées en voiture, mon compagnon entama
le roman de sa vingtième année. A plus d'un endroit, sa
parole se prenait de subites réticences; mais, après un
moment d'hésitation, le récit poursuivait son plein cours,
l'auteur semblant même se complaire dans ce tableau d'un
passé resté cher à son cœur.
    C'est ce récit que je vais tenter de répéter, avec le regret
de ne pouvoir le reproduire dans le langage naïf et imagé
qu'employait le narrateur. iMais ne la possède pas qui veut,
cette langue du populaire lyonnais! Autant il est aisé de
la singer et de la rendre ridicule par l'exagération, autant
il est difficile d'en observer les nuances délicates et les
règles complexes.


                              * *


  Il me faut, tout d'abord, reprendre les choses d'un
peu plus haut.